Cellule Yuuta...

Participation: Yuuta
Aspect temporel: J+1 (un jour après le "test")


La première sensation qui s'impose à Yuuta, lorsque ça conscience s'éveille à nouveau, c'est la douleur lancinante qui étreint son corps, et particulièrement ses bras. Il ne perçoit que peu de bruit autour de lui, si ce n'est par instant comme le piétinement et les couinements discrets de petits animaux qui peuvent lui faire penser à des rongeurs, mais dont il serait pour l'instant incapable de déterminer la position, encore trop embourbé à sortir de sa torpeur. Alors que ses yeux sont encore clos, la seule chose dont il est sûr, c'est qu'il se trouve dans une position assez inconfortable. Il sent le dessus de ses pieds traîner mollement sur un sol de pierre glacial, son corps se balancer très légèrement, et surtout ses bras, qui lui font un mal de chien, relevés au-dessus de lui. Une pression importante s'exerce sur ses poignets. II lui est facile de deviner que quelque chose les enserre avec fermeté et froideur.

Petit à petit, Yuuta retrouve tous ses esprits et ses facultés de raisonnement. Lentement mais sûrement, il émerge d'une nuit qui lui a paru duré une éternité.

Alors que l'esprit de Yuuta lui revient lentement, la première chose qui lui vient à l'esprit, comme un réflexe est : Analyser son environnement. Alors qu'il n'a pas encore même songé à ouvrir les yeux, il commence par analyser autant que possible l'état de son esprit et de son intelligence, car plus que tout autre chose, ce dont Yuuta a le plus peur, c'est de ne plus être capable de penser correctement et de réfléchir avec justesse. Enfin, il passe en revu mentalement chacun de ses aspects corporel pour faire un diagnostique de ses fonctions vital mais aussi motrice. Puis, finalement, il inspecte ses alentours à l'ouie et au toucher, toujours sans bouger, pour quadriller l'emplacement de ce qu'il pourrait y avoir de dangeureux ou d'important autour de lui avant de terminer tout à la fin par ouvrir ses yeux si rien de dangeureux ne semble se trouver en ce lieu et si rien ne le menace...

Yuuta se rends vite compte que son intégrité mental est aussi bonne qu'elle a toujours pu l'être. C'est d'avantage du côté de son organisme que le bas blesse. Non pas qu'il est à déplorer de blessures graves, hormis des ecchymoses et des égratignures, mais à en juger par l'engourdissement de ses membres, il a dû passer un bon moment dans la position où il se trouve actuellement. Il sent d'emblée que bouger son corps va lui demander un effort certain, et qu'il lui faudra un moment pour être parfaitement "valide". Surtout, ce qu'il ne manque pas de remarquer, c'est qu'il est totalement nu.

A l'écoute de son environnement, Yuuta comprends rapidement qu'il doit se trouver au centre d'une pièce, suspendu par des chaînes, s'il en juge le métal froid qu'il touche discrètement de ses doigts, et le vide qu'il ressent autour de lui.
Hormis les quelques couinements alentours, il ne perçoit rien d'autre, et n'a pas la sensation d'un danger immédiat, si ce n'est une situation particulièrement inconfortable.

Alors qu'il ouvre enfin les yeux, il lui faut un bon moment pour s'accoutumer à la pénombre environnante, et commencer à distinguer ce qui l'entoure... rien, hormis trois murs de pierre qui l'encadrent à quelques mètres de lui, et une grille de barreaux qui lui fait face.Quelques os jonchent le sol sur lequel traînent légèrement ses pieds, et qui est également fait de pierres froides. Plusieurs gros rats s'y promènent, apparemment pas effrayés le moins du monde par l'occupant des lieux, bien au contraire, comme s'ils avaient là une certaine habitude.

Dans tout cet environnement obscure, la seule provenance de lumière est une lucarne triangulaire dans le plafond, mais à en juger par le peu de clarté qui parvient à atteindre la cellule, l'autre extrémité doit se situer à bonne longueur.

Dans le vide qui l'entoure, et avec l'attention que prête Yuuta à son examen, le jeune homme finit toutefois par avoir la désagréable impression d'être attentivement observé, ou plutôt dévoré du regard, et son instinct lui souffle que cette sensation ne lui vient pas du regard vitreux des rats.

Après avoir très lentement ouvert les yeux, ne serai-ce que pour s'habituer à la luminosité avant de réellement montrer qu'il est éveillé, et fait son rapide examen aussi bien de son esprit, de son corps mais aussi de son environnement, Yuuta commence par exécuter tout un tas de mini mouvement pour définir les faiblesses musculaires de son corps puis, lentement, se redresse le plus efficacement possible sans laisser trahir le moindre réel effort sur son visage. Il ne prête pas attention a sa nudité puisqu'il l'a déjà défini sans même regarder,...

Pendant un long moment, il reste ainsi silencieux, sans laisser le doute sur l’évidence de sa découverte et sans prendre le temps de regarder ces rats alentour tout en restant attentif du coin de l’œil et de son esprit à leur possible agressivité. Soupirant longuement, il fini par dire à voix basse, non sans avoir vérifié sa capacité d'utiliser ses cordes vocales correctement et d'avoir choisi le ton le plus efficace d'après leurs état tout en cherchant à définir la direction de cette sensation de présence en faisant le vide dans son esprit. Et si une direction lui devient assez évidente, c'est son regard qui s'y dirige alors qu'il s'adresse à cette présence...

"Nul besoin de vous cacher encore... C'est un effort qui ne vous est plus nécessaire...".

Soupirant encore longuement, mais visiblement résigné par son sort, il continue : "Peut-être pourrai-je avoir une explication sur cette situation? Bien qu'une bonne partie me semble évidente, vous l'entendre dire serai moins fatiguant..."

Ce n'est que sur la pointe des pieds que Yuuta parvient à se redresser, suspendu comme il est par les poignets, à peu prêt au centre de la cellule, ses chaînes terminant leur course dans les méandres du plafond. Bien qu'il ne puisse décemment pas se retourner à cause de son inconfortable position, il lui est facile de déterminer que le meilleur point d'observation, sans pouvoir être ouvertement vu, se situe derrière lui, notamment parce que c'est la zone la plus sombre de la pièce. Tant bien que mal, il tourne légèrement la tête pour faire comprendre à son interlocuteur qu'il sait où il est.

Alors que ses derniers mots retentissent contre la pierre, Yuuta sent des mains aux doigts fins se poser gentiment sur son dos. Les doigts s'écartent légèrement les uns des autres, avant de descendre lentement en une caresse des plus étranges. Exploratrices, elles finissent par contourner sa taille avec une application toute méthodique, étudiant la moindre courbe qu'elles caressent, et finissent par s'entrecroiser devant son bassin, avant d'étreindre ses hanches à pleine paume, alors qu'un corps se colle contre son dos.
Yuuta a facilement pu deviner d'après les mains qu'il s'agissait d'une femme, mais au contact de ce corps sur son dos, le doute n'est plus permis.

Alors une voix suave lui réponds le plus au creux de son oreille possible, Yuuta sentant la joue de la femme se coller dans ses cheveux, alors qu'elle respire son parfum.

_Ureshii... j'aurais été si déçue que tu ne prennes pas la peine d'entamer la
conversation. Un homme, un vrai, doit savoir faire le premier pas après tout, n'est-il pas... "Yuuta"?

Il est difficile de déterminer le sentiment exacte qui se dégage de cette voix. On la jurerait emprunte d'affection, d'excitation, de sadisme et d'attente contenue à la fois.
La femme soupir longuement, sans qu'il soit possible une fois encore de définir le sentiment qui prédomine dans son geste. Finalement, elle poursuit.

_Tu étais si intéressant dans la fosse. Si calme, méthodique, implacable. Ce sens de l'observation et du contrôle de soi...

La femme semble ne pouvoir réprimer un frisson d'excitation.

_Je ne pouvais que te choisir, toi qui est venu à moi. Nous allons faire un long bout de chemin, ensemble -- elle appuie longuement sur ce dernier mot --, n'est-ce pas? Tu veux survivre non, plus que tout? Un tel potentiel... continue-t-elle, remontant ses mains sur les pectoraux du jeune homme et le serrant d'autant plus contre elle.

L'index de sa main gauche se mets à jouer de caresses juste au-dessus du coeur de Yuuta.

_Et pourtant il serait si facile de le briser. Je pourrais te tuer, là, maintenant, en l'espace d'une brève seconde.

Elle semble ajouter cette réflexion presque à elle-même, de manière tout à fait anodine, et bien qu'il ne puisse voir son visage dans sa position, Yuuta est certain sur ces paroles-ci, que la femme sourit.

_Mais je te protégerais, je t'apprendrais, je ferais de toi celui qui peut tout
surpasser. Dis-moi juste que tu le veux... Yuuta? achève-t-elle en arrêtant son doigt pile au-dessus du coeur de ce dernier, sa question suspendue dans l'air sonnant presque comme un appel, une supplique tout à la fois qu'un ordre sans détour qu'il serait mortel d'ignorer.

Son ton, lorsqu'elle s'exprime, est particulièrement inconstant, et il est totalement impossible pour Yuuta de cerner cette femme, de deviner si elle joue une quelconque comédie, si elle est sérieuse ou bien un mélange des deux à la fois. Sa simple présence et son attitude semblent déplacées, dérangeantes mais autant malsaines qu'étrangement "pures" et dévouées à ce qu'elle dit.

Yuuta tente d'esquiver la main de la femme comme il le peut, visiblement dégouté par ce geste mais reste très attentif au ton de la voix, à ces imperceptible multiple motif qui se dessine à travers la voix : la personnalité, les désirs et attentes. Car encore une fois, ce que Yuuta redoute toujours c'est surtout de ne pas comprendre la situation dans laquelle il se trouve... Malgré tous ses doutes quand à la nature exacte de cette personne, il en devient presque intrigué de ne pas parvenir à en saisir autant dès les premiers instant. Mais il en saisit tout de même le principale... Il ne l'on pas tué jusqu'ici, aussi s'attendent-il sûrement à l'utiliser pour quelque chose. Étant donné le massacre d'introduction, il n'imagine qu'un usage meurtrier, donc, il souhaite faire d'eux des assassins. A la vue de ces premiers éléments, Yuuta n'est pas plus troublé que cela, devenir un assassin ou un artisan boulanger, cela n'as non seulement aucune importance pour lui mais surtout aucun intérêt non plus. Tout ce qu'intéresse Yuuta c'est la curiosité de voir la suite en fin de compte.

En y repensant, Yuuta songe à cette sensation d'être touché par une personne du sexe opposé, et alors qu'il aurait cru normal de ressentir quelque chose de plutôt plaisant, il en ressent du dégoût. Continuant ainsi sa réflexion sur ce que dis cette femme et sa façon de bouger et de se comporter avec Yuuta, son "pattern", il en déduit finalement une chose simple, elle souhaite faire de lui son pion, son objet, son agent, donc en somme, son assassin à elle. Se sentir ainsi réduire à un simple objet le répugne pourtant, plus que tout. Il répugne l'idée de cesser d'être un être humain, doué d'intelligence et de "parole" (même si pour ce dernier point, il n'en use pas beaucoup mais aime pourtant frapper ses interlocuteur de sa langue acerbe pour les réveiller de leur naïveté).

Finalement, il en est à ce choix. Décider de continuer de vivre comme un objet, ou simplement cesser d'exister, ici, et maintenant. Et étrangement, le temps d'une fraction de seconde que dure son analyse de la situation, il hésite... Il hésite terriblement. Peu de fois pourtant il s'est vu hésiter "autant", et cette hésitation se trahit dans cette demi seconde de réflexion supplémentaire.

Finalement, après cette "longue" réflexion, il y a quelque chose qui l'irrite plus que tout dans le comportement de cette femme. Quelque chose qui le ferai presque sortir de ses gonds, quelque chose qui commence à faire trépigner sa bouche d'impatience... Et c'est cette façon qu'elle a de le traiter comme un objet. Il sait qu'il pourrait bien être leur larbin si cela leur faisait plaisir, il sait qu'il pourrait tuer n'importe qui pour eux si on le lui ordonnait, mais jamais, jamais il n'acceptera que cette femme rejette sur lui cet perversion dont elle semble déborder, ce sadisme et cette domination. Déjà qu'il déteste viscéralement "l'amour"; elle, pour sa part, pousse le bouchon trop loin...

Inspirant un bon coup, il soupir lourdement... "Ne me faite pas rire, votre objectif n'est pas de me tuer de toute manière, sinon je serai déjà mort... Vous n'avez pas mieux à faire que de jouer les succubes? Je ne m'intéresse pas à ces choses, vous perdez votre temps. La manière dont vous me touchez me répugne plus qu'elle ne m'enchante et votre esprit tordu ne donne guère le change. Survivre plus que tout? Vous me donnez trop de crédit, je ne fait qu'appliquer ce qui est le plus logique. Pourquoi devrai-je mourir simplement dans cette fosse alors qu'elle était remplit d'imbécile qui n'aurai probablement jamais survécu après cela, ni à vos entraînement, ni à vos missions. J'avais une chance des le début de perdurer, et eux non. C'est aussi simple que cela. Mourir alors n'aurait servit aucun but et aurait simplement été stupide. Et je déteste la stupidité et la naïveté plus que tout. Mais peut être pas autant que vos manière..."

"Vous voulez me tuer maintenant? Malgré vos défaut, je ne pense pas que vous soyez "à ce point là" stupide pour ne pas avoir remarqué que je vous serez de toute manière plus utile vivant. Apprenez-moi donc ce qui vous chante, et faite moi tuer qui bon vous semble. D'autant que cela me concerne je le ferai car si ce n'est pas moi qui le ferai, vous trouverez n'importe qui d'autre pour faire l'affaire. A quoi bon mourir pour si peu de résultat? Il est facile de deviner que vous entretenez certain dessein à mon encontre. J'imagine que chaque "responsable" comme vous se voit assigné un seul survivant, ou tout de moins issu d'une même "session". Alors pourquoi gaspiller votre "chance" d'avoir votre assassin maintenant?"

Enfin, dans un "crachat" de dédain il fini par vomir ses dernières paroles tentant encore une fois d'échapper à ses "caresses". "Alors s'il vous plaît, cessez de me prendre pour un imbécile, "Kitsune". Et venez en aux faits..."

La femme maintient son étreinte durant tout le monologue de Yuuta, ne l'interrompant pas une seule fois, et ne donnant l'impression d'aucune réaction particulière. Lorsqu'il essaie de se soustraire à ses caresses, terminant de vomir ses mots, elle lui fait rapidement comprendre qu'il n'y parviendra pas, et que seul son bon vouloir en décidera, en se serrant d'avantage.

Un long silence suit la déclaration du jeune homme, avant qu'il ne perçoive un léger tremblement dans le contact des mains sur sa peau. Un tremblement qui se fait plus perceptible, jusqu'à ce que la femme commence à pouffer de rire, puis finisse par éclater d'un rire hilare, relâchant totalement son étreinte. Elle rit, longuement, et tout en riant, contourne Yuuta en tournant sur elle-même pour se placer face à lui, l'une de ses mains se tenant les côtes à force de rire, et l'autre posée sur son visage.


Il lui faut bien plusieurs dizaines de secondes pour retrouver un semblant de calme. Finalement ses doigts s'écartent sur son visage, laissant entrevoir à Yuuta son regard de fauve, ses yeux d'un marron si clair qu'on les croirait fait d'ambre, et qui le regarde d'une façon tout aussi dérangeante que cette femme l'est.

Prédateur, c'est le premier qualificatif qui vient à l'esprit lorsqu'on plonge dans ce regard, mais un prédateur d'un genre un peu particulier. Il y a quelque chose, dans ces yeux, de plus qu'un simple prédateur. Quelque chose de difficilement déchiffrable, des sentiments mêlés qui se contredisent et se camouflent les un les autres. Comme pour sa voix, ils empêchent Yuuta de clairement cerner son interlocutrice, qu'il peur désormais contempler dans son ensemble.

Ses cheveux sont d'un doux blond et tombent un peu en dessous de ses épaules. Des mèches légèrement désordonnées chutent sur son front, leurs pointes atteignant juste ses cils. Son regard est félin, son visage affiné et son nez aquilin.
Elle porte une tunique à manches longues pourvu d'un col de quelques centimètres, grise, d'un seul tenant et dont le tissu est rayé par de multiples lignes noires qui assombrissent l'ensemble. Une fermeture en joint les deux parties à l'avant, fermeture qui est nonchalamment ouverte jusqu'entre le creux de sa poitrine. Un petit pendentif d'argent, représentant deux serpents entrelacés, y trône, attaché autour du cou par une discrète chaîne du même tenant. La tunique est ouverte de chaque côté à partir des hanches et se termine aux genoux, sans doute pour permettre des mouvements fluides. Au-dessous, ses jambes sont habillées d'un pantalon de cuir noir qui épouse parfaitement leur forme.

Légèrement repliée sur elle-même à force d'avoir ri, la femme se redresse totalement devant Yuuta, un énigmatique sourire aux lèvres.

_Tashika ni [たしか] [assurément, certainement], tu dépasses mes espérances. Ta verbe est donc aussi affûtée que tes sens. J'ai vraiment eu du nez en arrêtant mon choix sur toi... mon Yuuta.

Elle prononce son nom avec une application certaine bien que naturelle, prenant un certain délice à toujours marquer une brève retenue avant de prononcer la dernière syllabe.
Lentement, la femme se rapproche à nouveau de Yuuta, acoquinant son visage à quelques pouces du sien, souriante. Elle tends une main vers son visage, caressant tendrement du dos de celle-ci la joue de Yuuta, prenant un plaisir redoublé devant son dégoût à être touché.

Soudainement, alors qu'il essaie probablement d'échapper à cette nouvelle marque d'attention, la femme agrippe sauvagement les cheveux de Yuuta et tire violemment dessus pour lui faire pencher la tête en arrière entre ses bras, autant que la prise de ses chaînes le permet. Il n'y a aucune animosité dans ce geste, aucun sentiment. Juste une violence brute.

_Je te dégoûte -- elle eut un ricanement -- mais qu'est-ce qui te dégoûte vraiment? Moi? Le fait que je te touche, le fait qu'une inconnue te touche ou juste qu'une femme te touche tout cours, voir que quelqu'un te touche en fait? Tu es peut-être d'un autre bord après tout? Hein? Ou la sensation elle-même ne te convient pas. Le sais-tu seulement toi-même mon petit Yuuta? Tu ne l'avais jamais éprouvé pas vrai, la sensation d'être..."touché" par quelqu'un d'autre? Tu ne rapportes ça qu'à une action purement physique? Et tu viens me parler de dégoût? Risible... Je pourrais te faire violer, tu saurais alors ce qu'est le vrai dégoût... de soi-même et des
autres.

Elle passe sa langue dans le cou de Yuuta, de sa base à sa mâchoire, maintenant toujours sa prise avec force et maîtrise, et enfermant de son autre main l'entrejambe de Yuuta.

_Tiens, un peu de matière pour toi réfléchir à ce qui te dégoûte vraiment. Mais bref, passons...

La femme relâche le sexe de Yuuta, et rabaisse son visage à sa hauteur pour le regarder dans les yeux, tout en conservant sa prise.

_Tu ne veux pas survivre? Tu appliques juste de la logique? Ne me sers pas tes boniments de gosse veux-tu?! Logique ou pas, qu'importe les raisons, au final cela revient à la même chose et ne sert qu'un dessein: la survie. Tout le monde veut survivre. C'est naturel. Les raisons importent peu. L'instinct reste le plus fort. Si tu n'as pas toi-même compris ça c'est que tu as encore beaucoup à apprendre, "mon petit asssassin". Tu permets que je t'appelle comme ça puisqu'apparemment tu as choisi toi-même ce surnom, c'est plus... personnel. Mais là encore, tu dégares et te contredis toi-même. D'abord je te donne trop de crédit sur tes motivations à survivre, puis au final tu penses avoir trop de valeur vivant pour que je te tue?

La femme a un nouveau tressaut hilare.

_Si j'avais besoin d'un énième assassin, larbin ou objet comme tu sembles le penser, je ne m'embêterais pas avec toi. J'en ai déjà bien assez qui me lèchent les bottes. Non, tu n'as aucun intérêt si tu deviens juste un banal assassin, mais ça, tu ne peux pas encore le comprendre, et c'est loin d'être le moment pour que je commence à parler de ça avec toi. Saches juste que je n'ai pas besoin de toi tout court. Si je veux un assassin parfait, j'en ai déjà un -- un large sourire satisfait s'affiche sur son visage à sa simple pensée -- je veux de toi en tant que mon Yuuta, celui chez qui j'ai vu le potentiel, celui qui pourrait devenir un être exceptionnel si seulement il ne se focalisait pas bêtement sur des choses aussi triviale que du "dégoût". Note bien la nuance, mon cher petit Yuuta. Je "veux" de toi mais en aucun cas je n'ai "besoin" de toi. Tu en doutes n'est-ce pas? Tu penses décortiquer correctement ce qui se passe autour de toi pas vrai, et faire des déductions intelligente avec ta fameuse logique.

La femme se recule d'un court pas de Yuuta, le visage parfaitement neutre, avant de reprendre.

_Oui, tu es de ce genre-là, tu as besoin de baser ton raisonnement sur ce que tu vois, sur ce que tu décryptes. Alors soit, je vais te montrer à quel point ton raisonnement est tronqué, à quel point tu ne comprends pas mes motivations envers toi.

La femme tends un bras replié sur le côté, la paume de sa main tournée vers le ciel. Yuuta a à peine le temps d'apercevoir une ombre floue, ressemblant à une silhouette, juste derrière sa geôlière, et un katana a été déposé dans sa main.

Avec une parfaite délicatesse, elle sort la lame du fourreau tout en continuant de fixer Yuuta, et reprends d'une voix étonnamment caline, affectueuse, presque amoureuse, et néanmoins sans détour.

_Tu vois mon Yuuta, je t'aime. J'aime ce que tu es, totalement imparfait et fragile, et ce que tu pourrais devenir. Mais le potentiel seul ne suffit pas. Il y a tant d'autres choses que tu aurais besoin d'acquérir. Je ne m'embêterais pourtant pas à perdre mon temps si dans ta logique, tu n'aies pas capable de voir un intérêt, un amour sincère pour ton "toi", et plus encore si tu n'arrives pas à "vouloir". Les êtres éternellement passifs n'ont aucune valeur dans ce bas monde. A l'heure actuelle, tu n'as aucune valeur. Tu n'es rien. Je vais donc accomplir pour toi le plus beau geste qui peut être accompli par amour, car si tu n'es pas capable de recevoir, et de vouloir, mieux vaut pour toi que les choses s'arrêtent ici.

La femme saisit la poignée de son katana à deux mains, l'une prêt de la garde, l'autre à l'extrêmité de la poignée, et dans un geste lent, amène la lame sur son flanc. Une parfaite expression de neutralité fige son visage, même si dans ses yeux vibre comme un mélange de tristesse et de joie, de détermination sans faille et de don de soi absolu dans ce qu'elle s'apprête à faire.

_Un dernier mot... mon Yuuta?

Irrité par le comportement de la jeune femme, mais encore plus de son impuissance à s'esquiver à ses "caresses", Yuuta endure tant bien que mal la situation... Puis, l'entendant et enfin la voyant rire, Yuuta affiche finalement une légère incompréhension dans son regard...

("Cette femme... C'est pire que ce que je pensais... elle est vraiment...")

Voyant ses yeux, le silence frappe Yuuta aussi dans son esprit. Être face à une créature qui échappe à la logique le terrorise. Lui qui souhaite par dessus tout comprendre ce qu'il se passe autour de lui se retrouve dans cette impossibilité... La peur se lit d'abord dans ses yeux, puis, finalement, directement sur son visage alors que son masque imperturbable tombe au sol dans un fracas que seul son esprit perçoit... Malgré ses flatteries, il sent, il sait que quelque chose cloche. Il pensait être tombé dans un repère de meurtrier et il aurai largement pu s'y fondre... Mais ce qui se passe maintenant dépasse les limites de sa compréhension... Et pratiquement pour la première fois depuis longtemps, il a véritablement peur, une peur viscérale qui le prends aux tripes et le saisit violemment...

Alors qu'elle s'approche de lui, il tente désespérément de s'écarter, sachant pourtant tant bien que mal que cela lui en est impossible. Le dégoût ne se lit plus sur son visage, seulement la peur y trône désormais. Alors que la femme l'assène de questions, tout un tas de chose passe dans son esprit alors embrouillé par la peur. Il aimerait répondre pour cesser tout cela, mais il s'en retrouve incapable dans cette situation là, toujours paralysé par la peur alors que l'annonce de "son viole" fini de terrasser son esprit.

Et alors que cette femme commence encore une fois ces attouchements, c'est finalement un peu de sursis qu'il semble éprouver, presque de la gratitude envers ces gestes qui permet à son esprit de se reposer un peu avant la suite qu'il pressent comme étant très mauvaise...

Alors que la jeune femme termine de détruire la moindre de ses certitudes, la peur s'estompe désormais pour laisser place à de la résignation, la laissant alors terminer tout son beau discours. Il n'arrive pas même à être étonné de la présence derrière elle, ni même de ce Katana, et alors qu'elle le sort, ce n'est plus vraiment de la peur qu'il ressent, ou tout du moins un tel mélange d'émotion qu'il n'est plus lui même capable de comprendre où son esprit l’emmène. Et lorsqu'elle pose le Katana contre son flanc, s'est le silence absolue dans son esprit. Il cherche à réfléchir, mais rien ne vient. Son esprit s'est recroquevillé dans un mutisme absolue. Il ne comprends pas, il ne comprends toujours pas... Sa logique ne lui donne aucune réponse, absolument aucune... Sa bouche s'entre-ouvre légèrement mais aucun mot ne sort. Il a beau essayer plusieurs fois, mais n'y parvient pas... Lui qui a toujours fait marché son esprit plutôt que ses émotions, il se sent maintenant trahit par ce qui lui a permis jusqu'ici de survivre.

Et finalement, sans qu'il s'en rende compte, une faible voix retenti de sa propre bouche, visiblement guidé par ce qu'il répugne le plus... Ses émotions... "Je veux vivre...". D'abord surpris par ce qu'il vient de prononcer, le calme revient dans son esprit, et sa détermination habituelle resurgit au fond de son regard. Puis, regardant cette fois-ci la jeune femme droit dans les yeux, l'esprit éclairci par cet élan qu'il vient d'avoir, il termine finalement... "Je veux vivre, et prouver à ce monde que je suis plus fort que lui. Le faire plier sous ma volonté et pouvoir le renier tout en pulvérisant de mes propres mains toutes ses illusions projeté dans l'esprit de tous ces imbéciles qui le peuple. Je veux vivre et lui faire payer jusqu'à mon dernier souffle sa corruption... Et si je dois y perdre mon âme pour cela, alors je payerai volontiers. Faite de moi ce que vous voulez, mais faite de moi quelqu'un de puissant, que rien ne pourra arrêter. Je veux que vous me formiez !"

Et dans son esprit, ce n'est plus du tout de la résignation qui se lit dans son regard comme cela été plus ou moins le cas quelques instant plus tôt, c'est une détermination inébranlable qui s'y lit dans son affirmation. Pure et enivrante, sincère et solennelle...

Devant le silence absolu dont fait preuve Yuuta, et la peur qui s'affiche progressivement sur son visage, la femme comprends que celui qu'il était jusqu'à présent est entrain de voler en éclat, à l'intérieur même de son esprit.

Elle attends encore un peu une réaction quelconque, la lame froide de son katana se réchauffant au contact de la peau du jeune garçon, mais rien ne semble venir. Yuuta est complètement tétanisé depuis plusieurs dizaines de secondes.
Résignée, et ne quittant pas du regard Yuuta, elle recule lentement sa lame, tournant légèrement son buste de profil pour donner plus de force à sa frappe.

(Finalement... quel gâchis...)

Ses mains se resserrent autour de la poignée prête à l'abattre férocement.

(Toi et moi, Yuuta, nous aurions pu aller... si loin...)

Propre et nette, la lame s'élance...

(J'aurais pu faire de toi... l'ab...)

Et se stoppe immédiatement. Des bribes de mots presque inaudibles viennent de percer à la bouche de Yuuta. Son regard, auparavant vide, vient de changer et de retrouver un éclat intense, un éclat pure, sans défaut et sans nuance.
Alors qu'à nouveau Yuuta s'exprime, les mots qu'ils prononcent résonnent comme la plus douce des mélodies aux oreilles de la femme, et se font écho dans son esprit. Les paupières closes pour mieux goûter l'intensité de cet l'instant, elle savoure la victoire. Sa victoire. Leur victoire. Leur première victoire, à elle et à Yuuta, et la naissance d'une ascension.

(Je veux vivre ................... prouver à ce monde ................ plus fort que lui ................... plier sous ma volonté ............................. renier tout.............. de mes propres mains ............................... Je veux vivre ................ lui faire payer jusqu'à mon dernier souffle ssa corruption ...................... y perdre mon âme ................................... je payerais volontiers ..................... quelqu'un de puissant que rien ne pourra arrêter. Je veux que vous me formiez!)

Discrète, unique, une larme se met à couler sur sa joue alors qu'elle ouvre à nouveau les yeux. Son regard est fier, empli d'un bonheur à peine contenu, d'une rage et d'une détermination qui font écho à celles de Yuuta.
Avec cette fois une certaine fébrilité dans le geste, elle tends la main pour la poser sur la joue de Yuuta, et se colle légèrement contre lui pour lui parler à l'oreille. Contrairement à la fois précédente, il n'y a aucune perversité dans son geste, juste une sincère affection et une dévotion absolue envers lui.

_Mon Yuuta... je te donnerais tout. Le savoir,le pouvoir, la puissance... je suis le fourreau et je ferais de ta lame la plus tranchante qui soit, celle que rien ne pourra arrêter, pas même moi. Et le jour où tu briseras toute chose, le jour où tu me briseras, je serais heureuse car je saurais qu'enfin est nait celui capable de vaincre la corruption elle-même.

Sa main se déplace de la joue de Yuuta jusqu'à l'arrière de son crâne, se perdant dans la chevelure du garçon et resserrant un peu l'étreinte.

_Maintenant, il y a une chose que tu dois voir, avant de pouvoir commencer ton ascension vers le sommet. Ce sera mon cadeau, la première pierre qui marquera ton chemin futur. Maintenant, pour pouvoir pleinement avancer, tu dois connaître la mort, l'appréhender et la comprendre. Maintenant, mon Yuuta...

La voix de la femme se fait quelque peu tremblotante, comme amplie d'une réelle tristesse, puis elle achève, des larmes se déversant en silence sur ses joues, et coulant jusqu'à l'épaule de Yuuta.

_Tu dois mourir... et renaître.

La lame s'enfonce d'abord sur la moitié de sa longueur dans le ventre de Yuuta qui la sent traverser son corps, puis la femme donne une seconde poussée pour l'enfoncer jusqu'à la garde, alors que du sang se mets à couler aux commissures des lèvres du jeune homme. Une douleur atroce se répands dans tout le corps de Yuuta et sa vue se trouble progressivement. Rapidement, il n'a pas même la force et la lucidité de comprendre que ses poignets ont été libéré, son corps s'affaissant lentement, soutenu par les bras de cette femme qui l'accompagne jusqu'au sol, posant la tête de Yuuta sur ses genoux, le katana retiré de son ventre, mais une plaie profonde et béante laissant son sang se répandre sur la pierre de la cellule. Des gouttes chaudes au toucher tombent à intervalle irrégulier sur la peau de son visage.

Lentement, l'esprit de Yuuta s'éloigne de la cellule, vers des rives inconnues, et la dernière chose qu'il parvient à percevoir, c'est une voix lointaine, promesse mystérieuse qui lui tends les bras alors même qu'il rends son dernier soupir.

_Je t'attendrais...

Yuuta l'écoute encore alors que ses mots semblent l'avoir visiblement touché. Il ne comprend plus vraiment ce qu'il se passe mais semble avoir abandonnée l'idée tout de même, malgré ses craintes. Et alors qu'elle lui annonce sa mort, il ne sait toujours plus quoi répondre de plus. Ses yeux semble toujours déterminé mais ne saisissent plus ce qu'il se passe comme à l'accoutumée. Alors que la lame pénètre dans sa chaire, et que la douleur l'inonde, il ne comprend toujours pas où tout cela le mène. Aurait-il finalement eut aucune chance quoi qu'il puisse avoir dit? La mort l'attendait elle quoi qu'il arrive?

Mais son incompréhension est balayé des les premiers instants par la douleur envahissante alors que la lame pénètre une fois de plus, son esprit comme absorbé par cette blessure. C'est d'un seul œil qu'il ne perçoit plus la scène qui se déroule devant lui, l'autre étant pratiquement mis clos alors que ses forces le quittent rapidement. Il a déjà eu l'habitude de souffrir sous les brimades de son "père", mais jamais il n'avait pu ressentir une telle douleur. Alors qu'il est au sol et qu'il se laisse pourtant faire, il ne sait pas même s'il doit lutter contre cette fin semblant inéluctable ou s'il doit se laisser aller... Et comme il n'a de toute manière aucune réponse, son regard se perd un instant dans ceux de cette femme qui vient pourtant de l'assassiner. Il y voit pourtant de la tristesse et de la compassion... Il tente bien d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais ses mots ont quitté son corps en même temps que ses forces...

Il la regarde juste un instant de plus alors que sa vue est devenu aussi trouble qu'une rivière aux pieds d'une cascade. Et finalement, il redevient calme et ne cherche plus à lutter. Après tout, à quoi bon, il verra bien ce que lui réserve la suite. Peut-être sera t'il enfin libéré de cette vie alors qu'il avait pris la décision de lui faire payer. Peut-être est-ce sa récompense dans un certain sens.

Peut-être au final est-ce ce qu'il a toujours attendu en fin de compte... il ferme sa bouche et ses yeux mi clos pour se résigner à ce qui suit alors que la paix envahit enfin son esprit. Peut-être que seul la mort pouvais lui apporter la paix qu'il cherchait tout au fond de lui, sans le savoir. Son esprit vacille encore un court instant alors que ces mots retentisse à ses oreilles, mais il ne parvient même plus à distinguer qui les prononces et même s'ils ont vraiment été prononcé... Et il termine finalement par sombrer dans le plus profond des sommeils en trouvant enfin le repos...

Jour 1: fin

Aspect temporel: jour inconnu. heure inconnue.


Rien. Il n'y a simplement rien. Un néant absolu, une absence totale de sensation, de ressenti. Il ne voit rien. Il n'entends rien. Il ne touche rien autour de lui et rien ne le touche.

Tout juste un écho de sa propre conscience subsiste-t-il quelque part, en un lieu qui échappe à sa perception, résidu de son âme à la dérive. Cette flammèche mourante vogue lentement vers une destination qu'elle même ignore complètement, entourée d'un océan de noirceur insondable. A chaque instant, un souffle intangible paraît prêt à la dévorer en refermant ses sinistres mâchoires venteuses sur elle. Ce faisant, il fait vibrer le discret filament scintillant qui prends son origine au centre de la petite flamme, et s'élance pour disparaître dans le lointain, dans la direction opposée où se dirige la flammèche. Le filament en lui-même paraît être d'une extrême fragilité.

La seule chose que Yuuta parvient encore à "percevoir" plus qu'à comprendre, c'est que cette minuscule étincelle qui palpite faiblement, cette flammèche faiblissante, c'est lui, ou du moins ce qu'il en reste. Quand bien même, il ne parvient pas à intégrer correctement sa situation. Comme pour compenser l'irrationalité de la chose, une silhouette translucide de Yuuta se matérialise, ayant pour centre la flammèche. Seuls ses contours sont dessinés, alors que ce qui le constituait physiquement ne semble pas pouvoir exister réellement ici. Peut-être son corps n'existe-t-il plus tout simplement, mais cela, il lui ait parfaitement impossible de le savoir ni même de l'imaginer. C'est au-delà de sa compréhension.

Ainsi, la silhouette translucide de Yuuta flotte sur un chemin qui semble tout tracé, progressant lentement dans un vide total, allongé sur le dos, sa flammèche au centre dansant de plus en plus faiblement...

"Voguant" ainsi un moment, Yuuta semble avoir enfin trouvé une sorte de paix. Se laissant aller à la dérive il n'a plus de question à se poser, plus de doute à avoir, plus de choix à faire et plus rien à subir. Il peut simplement être là, perdu dans cette immensité obscure ou rien d'autre ne subsiste que lui... Plus rien ne viendra m'importuner désormais se met-il à penser. Après tout, rien dans sa vie n'avait vraiment pu avoir d'intérêt pour lui, rien ne semblait le retenir dans ce monde qui lui semblait encore plus obscure que ces ténèbres qui l'entour. Et dans cet état de demi-somnolence, il se met à rêver...

Deux visages flou lui apparait dans son esprit, et quand bien même il ne peut pas décrire le moindre de leur trait si ce n'est la couleur de leur peau ou de leur cheveux, il y sent quelque chose de familier, presque rassurant, avant que son esprit, ou plutôt son inconscient, n'écarte rapidement ce sentiment de son esprit. Ils sont là un instant, et il entend soudainement leur voix. Un homme et une femme visiblement... Mais les voix sont lointaine et brouillonne, et peu de mots arrivent à être décrit par Yuuta... Comme s'il lui manquait une clé pour les décrypter. Malgré tout, Yuuta essaye tant bien que mal d'en saisir tous le sens...

"Quelque soit les dures épreuves ........................, sache que ..................... tu es le chant .....soigné ............., Yu-uta. Nous somme et seront ..................... Yuuta. ...... toujours présent ................... chaque instant... Et quand le jour viendra ................. conscience de ton propre Nindo, ................... Volonté, ................. accepteront ................. soutiendront... Sache que ..................... Même si le monde entier sera contre toi, ............................ nous t'@!£€%$."

Et un mal de crâne vient soudainement le saisir à ce dernier mot qui lui aurai vrillé les tympans s'il les avait entendu en vrai, il en est certain. Son "cœur" bat rapidement, il sent presque des palpitations comme s'il venait de se souvenir de quelque chose tout à la voix important pour qui il était que dérangeant pour qui il devint.

"Même si le monde entier sera contre toi"... Oui, c'est vraiment l'impression qu'il a eut tout au long de sa vie. Que ce monde, dans son essence même, était une aberration à ces yeux, et il le lui rendait bien... Du début de sa vie, tout ce qu'il a eut de bien lui a été enlevé, et dieu sait pourtant qu'il pouvait compter ces choses sur les doigts de sa main... La première chose, probablement, doit être ses parents. Il n'a aucun souvenir d'eux, mais étant donné qu'ils l'ont abandonné dans un orphelinat, son existence même ne devait pas être souhaitée. Ensuite il y eut bien un ou deux "amis" à l'orphelinat, mais bien vite il comprit le faible sens de ce mot lorsqu'ils le trahissèrent pour espérer trouver une famille et sortir de ce lieu. Enfin, il y eut bien enfin cet artiste martial, Liu Xiu. Mais celui-ci aussi lui tourna rapidement le dos des que les choses tournèrent légèrement mal... Non, vraiment, il n'avait rien en ce monde qui pouvait le retenir... Ce monde avait autant de sens que les mots "amour", "amitié" et "fidélité" (et encore bien d'autre mot de cet acabit) : c'est à dire aucun.

Ce rêve, ou souvenir, ou peut importe, n'avait en vrai plus d'importance désormais. Il était seul dans ces ténèbres et en fin de compte, somme toute, cela était plutôt agréable... Mais un des mots lui revint alors à l'esprit, Nindo... Nindo... Il se répéta ainsi le mot plusieurs fois, comme pour essayer de lui donner un sens... Qu'est ce qu'un Nindo... il n'en avait absolument aucune idée, et pourtant ce mot semblait raisonner quelque part en lui, comme s'il avait une importance vitale... Mais il était sûr que cela ne pouvait venir de son esprit... Ce mot semblait faire naitre en lui une certaine puissance qu'il ne connaissait pas... Pourtant, il semblait lié au mot qui le suivait, Volonté... Et de volonté, il n'en avait aucune, il le savait... Si Yuuta avait de la volonté, elle n'était tournée que pour maitriser son esprit à chaque seconde de sa vie...

Son esprit continua ainsi à divaguer, lentement, car il avait cessé de lui imposer cette maitrise qu'il affectionnait tant... Et il se rappela la discussion avec cette femme insensée... Il avait eut peur, oui, sur l'instant... De finir ses jours? Pas totalement en vérité, ce qui lui avait fait le plus peur ce fut de ne pas trouver la réponse qu'il fallait pour réussir cette épreuve. Après tout, pourquoi s’être donné "autant de mal" à survivre la première épreuve si ce fut pour finir découpé ainsi comme un jambon... un morceau de viande... Cela n'avait aucun sens, il aurait alors fait bien mieux de se laisser tuer dans l'arène... Mais en plus de sa conviction que le reste de la salle n'était composé que d'abruti monocéphale dégénéré qui n'aurai pas su survivre à ce qui pouvait suivre ni à grand chose d'autre, il avait surtout quelque chose qui le motivait dans cette histoire... Oui, il en prend alors que maintenant conscience... Quelque chose qui l'a poussé à se battre dans l'arène pour sa vie, et à s'être retrouvé dans cette situation face à cette kitsune... La Curiosité... Un bien vilain mot pourtant, mais il ne pouvait que l'accepter, les fait était là, présent à son esprit. Inutile de feindre désormais... Yuuta était un peu déçu de lui même pendant un cours instant, mais après tout, c'était ainsi qu'il était...

Ce qu'il n'a pas fallut qu'il dise à cette femme pour satisfaire cette curiosité... Il en était étonné... Mais malgré tout, le sens des mots "Ego", ou "Orgueil" et même "Honneur" trouvait peu d’écho dans son esprit. Mais en parlant de curiosité, cela faisait vraiment un long moment qu'il était là à voguer au gré d'un courant imperceptible... Et il se dit qu'il était peut être bien de s'adonner à ce nouveau hobbies qu'il s'était découvert, la Curiosité. Il regarda autour un instant alors que son esprit était encore à demi endormi, et tout ce qu'il pouvait voir était ce filament... Aussi, il commença à essayer de comprendre les lois qui régissait ce nouvel univers, et à comprendre comment se déplacer pour rejoindre ce qu'il pouvait bien y avoir de l'autre côté de ce filament...

Son esprit un peu plus présent et alerte, Yuuta prête d'avantage attention à ce qui l'entoure, à cet espace vide dans lequel il semble flotter et suivre une direction prédéfinie, à l'opposé du filament scintillant qui part de sa flamme pour disparaître au loin dans l'obscurité.

Il se rends alors compte que malgré l'éveil de sa conscience, les contours translucides de sa silhouette se désagrègent lentement, de petits parcelles s'échappant régulièrement pour s'évaporer dans le néant autour de lui, en même temps qu'il sent la flammèche diminuer progressivement. C'est un processus à peine perceptible, mais maintenant qu'il est un peu plus alerte sur ce qui l'entoure et sur lui-même, il en prends conscience nettement.
Par instant, alors qu'une de ces minuscules parties de lui s'envole et part en fumée, un souvenir de ce qu'il a pu vivre jusqu'ici commence à remonter dans son esprit. Bien souvent, il n'a pas vraiment l'occasion de percevoir de quel moment de sa vie il s'agissait vraiment. L'instant est fugace, et c'est plus une sensation qu'autre chose, mais Yuuta sent qu'au fur et à mesure que son corps dérive, le peu de souvenirs et d'instants qui a composé sa vie jusqu'ici disparaît dans toutes ses parcelles qui s'arrachent à son corps et fondent dans l'obscurité la plus totale.
Alors même qu'il se demande où peut bien remonter ce filament scintillant, sa curiosité paraît freiner d'autant plus sa progression vers l'inconnue, mais pas l'empêcher. Bientôt, Yuuta ne se rappelle plus tout ce qui a pu arriver avant qu'il se retrouve capturé et jeté dans la fosse. Puis même ce qui s'est passé dans la fosse, Yuuta l'oublie. Une nouvelle parcelle de lui s'échappe, alors que sa silhouette translucide ne se résume plus qu'à son visage, et Yuuta perds de vue le visage de cette femme dont seuls les derniers mots résonnent encore à son esprit:

_Je t'attendrais...

Même ces mots, Yuuta ne s'en souvient bientôt plus. Enfin, il en vient à oublier l'impensable, et ne subsiste plus qu'une unique question, alors que son visage translucide achève de s'évaporer et que la flammèche et sur le point de s'éteindre.

_Watashi wa... dare? [Qui  suis-je?]

La question paraît rester en suspend un long, très long moment. Une minute? Une heure? Des jours, ou des semaines peut-être. Qui saurait le dire. Il n'y a plus rien. Plus de souvenirs, plus de nom, plus rien. Le néant s'installe, alors que la toute dernière parcelle va pour disparaître.

Quelque chose pourtant subsiste. Sa disparition est comme suspendue, retenue. Quelque chose appelle, loin, très loin. Par-delà le filament qui vibre dangereusement, oscillant sur la pente de la rupture. Une voix? Non peut-être plusieurs voix. Ou peut-être n'est-ce que des sons? Cette choses informe qui continue de se demander qui elle est ne parviendrait pas à le dire. Elle sent toutefois qu'une volonté toute autre que la sienne l'empêche de sombrer définitivement.

Petit à petit, des parcelles qui avaient disparu semblent se réincarner, et retourner former la silhouette translucide de Yuuta. Sa flammèche se ravive quelque peu, et le tout se remets en mouvement en sens inverse. Les souvenirs désintégrés reviennent à lui. Son nom également. A une vitesse vertigineuse, Yuuta est propulsé à la suite du filament scintillant, et toute la scène semble se rejouer de manière inversée. L'esprit de Yuuta gagne une vitesse tellement folle qu'il n'arrive même pas à comprendre les éléments qu'il réintègre dans son esprit.
Bientôt, il comprends que le bout du filament n'est plus très loin. Rien de visible ou de physique ne le lui indique, ici, mais il sait que c'est le cas. Il sait qu'on l'entraîne, qu'il le veuille ou pas. Vers quoi, par qui ou par quoi, en revanche, il l'ignore.
La fin du filament est imminente, et Yuuta est soudainement aveuglé par une incroyable lumière qui vient de naître dans ces abysses. Les sons qu'il percevaient auparavant sont de plus en plus audibles et ressemblent de plus en plus à des voix. Yuuta va atteindre cette lumière et ces voix, mais il sent que quelque chose cloche. Il y a autre chose de différent. Un écho tout autre qui l'appelle, fort, incroyablement fort.

Un choc sourd. Une force intangible le heurte brusquement alors qu'il était si prêt d'atteindre ce halo luminescent qui l'attirait irrémédiablement vers lui. Yuuta perds le sens des directions et ressent une incroyable douleur lui vriller l'esprit, à tel point qu'il ne perçoit pas les autres voix hurler d'horreur. Le filament se plie atrocement pour suivre la chute folle de Yuuta, mais heureusement, ne romps point. La lumière blanche a totalement disparu de sa vision, et Yuuta se sent tomber dans un tout autre endroit, hâpé dans une atmosphère rougeâtre, exigüe et pesante, mais un endroit qu'il connaît bien...

Lentement, la conscience de Yuuta s'éveille totalement, et ses paupières, bien réelles cette fois, répondent à nouveau aux ordres de son cerveau...

Lorsque les morceaux de sa silhouette commencent à s'échapper de lui, il sent que quelque chose tourne mal. Il essaye tant bien que mal de les retenir, de se concentrer pour lutter contre cela. Soudainement, il comprend ce que cela signifie. C'est autant de parcelle de qui il est qui s'évapore, ses souvenirs, et autant dire sa personnalité avec. Si son histoire disparait, alors il ne sera plus qui il est, mais un nouveau lui. Un autre lui qui aurait pu exister dans d'autre circonstance... Pendant une fraction de seconde, l'idée de pouvoir tout refaire à zéro le tente sournoisement, mais très rapidement il se remet à tenter de lutter contre cela. Il est peut être bien capable de renier tout ce qui existe en ce monde, et ce monde lui même, mais jamais il ne renierait ce qu'il est, qui il est, le fruit de son histoire tourmenté et ce qui lui donne légitimité dans son combat. A chaque parcelle qui s'échappe, Yuuto tente désespérément de définir quel souvenir il s'agit et tente, avec la simple force de son esprit (la seule chose ou presque dont il soit fière) de s'en ressouvenir tout de même, de recréer ces souvenir à partir d'autre si nécessaire, mais de garder chacun de ces souvenirs, les plus infimes soient-ils.

Là c'est la fois ou il a été martyrise à l’orphelinat par une bande de 5 jeunes qui le rouèrent de coup et l'enfermèrent pendant 4 jours dans le sous sol obscure, sans boire ni manger, et les surveillants qui ne s'en sont remarqué qu'aux dernier instants. Il se souvient aussi des produits toxiques que lui versèrent certain autre jeune dans son bol de soupe en rigolant alors qu'il devait passer ensuite des semaines au lit après avoir vomit 3 jours durant sans avoir plus la moindre force. Il se souvient de la jalousie que lui portaient les autres enfants devant sa facilité d'apprentissage et son intelligence, leur peur qu'il soit choisi par une famille pour ses qualités souvent recherché. C'est pour cela que tous ces pièges lui était tendu, généralement juste avant l'arrivé de nouveaux parents souhaitant adopter. Il se souvient qu'au fil du temps, son esprit était devenu acéré, pour ne pas dire paranoïaque, pour remarquer le moindre de ces pièces. Le silence lorsqu'il arrive au réfectoire, le regard en coin de certain, les chuchotements, tous ces stimuli était pour lui l'indication de ce qui allait se passer exactement, avec une précision stupéfiante. Il savait manipuler les informations qu'il transmettait et juger la réaction des autres ensuite pour en tirer une conclusion. Lorsqu'il était à table et qu'il savait un élément à l'intérieur piégé, il lui suffisait de calmement s'en saisir pour voir la réaction des autres. Et lorsqu'il tombait sur le bon élément, lorsque le cœur lui en disait, il attendait le bon moment pour l'intervertir avec celui d'un autre. Mais il se souvient surtout, qu'au fils de ses années à passer dans ces conditions, il en avait acquis les attitudes qu'il a désormais, et que cela inquiété les nouveaux parents. Aucun d'entre eux n'a voulu risquer le coup, malgré son intelligence, malgré son calme, de le sauver de ce lieu. Son regard brillant d'intelligence leur faisait peur. Mais il ne lui suffisait que d'un regard vers ses parents pour savoir le genre de personne qu'ils étaient, et pas un seul ne retenu son attention, partant sans même attendre les longues discutions en groupe après les salutations d'usage.

Puis il se souvient de la caravane, des brimades de son "maître" plutôt que "père". Il se souvient des travaux physiques qui ne lui convenait pas mais qui renforcèrent sa robustesse de jeune enfant. Il se souvient aussi des livres qu'il avait su s'acheter pour découvrir le monde et tous ces mystères, des artistes martiaux et de leur entrainement et tous ce qu'il a pu croiser sur sa route alors qu'il pensait être sauvé de ce qu'il y avait de pire en ce monde. Et puis la trahison de son ami et maître artiste martial commença à lui faire changer d'avis. Et puis il se souvient la fois ou son "père" l'envoyer en avant pour attirer l'attention de bandit, risquant sa vie ainsi, pour pas grand chose. Son "père" capable de le faire tuer sans la moindre once de remord... C'est que la vie ne valait rien tant qu'elle appartenait aux autres... Et puis il se souvient à son retour les bandits qui avait saccagé et tué toute la caravane. Oui, la vie ne valait rien tant qu'elle appartenait aux autres, c'était les lois de ce monde... C'est ce qui le fit basculer pour de bon dans son esprit. Et il se souvient de la sensation qu'il a ressentit lorsqu'il assista à la mort de son "père". La lame lui passant au travers du corps sous ses cris, la lame qui remua ses viscères sous les hurlements abominables de la victime... Pendant un court instant, il avait eut envie d'être celui qui tenait la lame... Haaa... En effet, la vie ne valait rien, et c'est surement cela qui donnèrent envie à ces hommes de le prendre avec eux.

Les autres souvenirs plus récents passèrent eux aussi par là, mais il n'avait pas le temps de rester trop longtemps dans son esprit alors que les choses s’accéléraient. Il lutta contre cette avancé inéluctable, tentant tant bien que mal de se raccrocher à ce filament, à le remonter dans un effort désespéré. Mais finalement, même ses raisons de lutter disparaisse petit à petit, bientôt il ne se souvient même plus de ce qu'il y avait au début, ni même finalement qu'il ait remarqué ses souvenirs disparaitre... Et alors il termine son ascension dans un mutisme spirituel absolue... Il n'y a plus rien sur lequel baser la moindre déduction, plus aucune connaissance pour réfléchir... Son esprit est vide, comme une coquille. Et même si au fond de lui, il se demande alors qui il est, il ne se pose en vérité même plus la question...

Et puis soudainement, dans son mutisme, il se sent repartir et redevenir lui, luttant tout de même machinalement pour réintégrer la totalité de ses souvenirs et être certain qu'il n'en perde pas une seule miette, même les plus désagréables. Il voit alors la lumière et sens qu'il s'agit de la fin du voyage mais soudain, ce choc remet tout en question. Alors qu'il tombe désespérément, il cherche d'abord un moyen de se rattraper, de remonter à cette lumière qui semble être le seul endroit sûr en ce lieu... Et finalement, il se ressaisit une fois sa chute terminé... Et qu'il ressent alors de nouveau les multiples stimuli de son corps qui lui font croire qu'il ne s'agit plus d'un rêve au vue de la multitude d'information qui arrive à son cerveau comparé à un rêve.


Il ouvra promptement les yeux, récupérant soudainement le plus d'information, de stimuli possible pour savoir où il est, perdant quelque peut de sa patience et de son calme légendaire mais gardant son masque de porcelaine. Il est prêt à la suite !

Aspect temporel: J+5

Yuuta ouvre brusquement les yeux. La première sensation qui lui vient, c'est une légère douleur aigue au niveau du ventre, un détail qui l'informe clairement que s'il bouge avec promptitude, il faudra composer avec une douleur plus importante et des plus désagréables.

Il monte à ses oreilles le bruit maintenant familier des couinements des rats, éparses et plus ou moins éloigné. Yuuta sait qu'il est toujours dans la cellule. En revanche, au vue du plafond de pierre qu'il contemple, il est maintenant à l'horizontal, et au toucher de son dos sur le tissu, il devine sans même bouger qu'il est allongé sur un lit, de mauvaise facture, mais sur un lit tout de même.

Un clapotis retentit. Un tissu chaud lui touche le ventre et le frotte. Une fille au long cheveux d'un noir de jais est visiblement occupée à nettoyer la plaie sur son corps, une plaie qui rappelle immédiatement à Yuuta que tout ce qu'il vient de vivre est bien réel, et qu'il est toujours vivant.

La fille a probablement remarqué l'éveil de Yuuta mais ne paraît pas y prêter attention, et reste parfaitement silencieuse, continuant son oeuvre. Elle arbore un kimono beige relativement simple et porte une écharpe rouge ocre à ses épaules. Ses gestes sont précis, calmes et visiblement expérimentés. Son visage parfaitement neutre ne trahit que de la concentration dans son regard.



Plusieurs fois, elle replonge le tissu dans une bassine d'eau chaude posée à même le sol à côté d'elle, et l'appose ensuite sur la plaie. Elle se tient au-dessus de Yuuta, à genoux prêt du lit.

La plaie de Yuuta n'est pas encore tout à fait guérie, mais elle est parfaitement propre et pour une plaie, présente un bel aspect en voie de guérison.

La jeune fille tends ses mains et les posent délicatement dessus, avant qu'une légère lueur verte n'apparaisse autour de celles-ci pendant un court instant. Yuuta ressent alors une douce chaleur envelopper la blessure et perdurer même après que sa soigneuse est enlevée ses mains.

Elle semble désormais scrupuleusement inspecter la plaie, comme pour s'assurer qu'elle a bien fait le travail. Étrangement, et bien qu'elle paraisse posséder la capacité d'un ninja médecin, la jeune fille n'a pas maintenu longtemps le jutsu de soin, et n'a apparemment pas l'intention de le pratiquer une nouvelle fois dans l'immédiat.

La cellule reste plongée dans le silence, alors que la jeune fille va pour saisir des bandes de tissu, sans doute pour entourer le ventre de Yuuta.

Yuuta de son côté est maintenant tout à fait conscient de lui-même et de son environnement.

Tournant les yeux de part est d'autre, aussi loin que'il puisse aller sans bouger la tête, il s'empreigne du lieu dans un laps de temps assez bref. Vérifiant rapidement son esprit, il en déduit assez vite qu'il reste encore un peu faible. Hum... Un lit... Et cette fille... Yuuta baisse simplement son regard pour fixer la jeune fille, la pénétrant de son regard. Au regard de l'angle avec lequel il la regarde ainsi que son état d'esprit un peu excédé par la situation, il en ressort l'impression d'un regard plutôt sombre... Peut être pas tellement une impression en faite... Malgré tout, Yuuta reste silencieux et la regarde faire.

Etrange technique et façon de "soigner"... Aurait-elle activé la régénération des cellules?

Alors que la jeune fille retourne chercher des bandages, il se permet seulement maintenant de parler.

Qui est tu femme? Et pourquoi me soigner? dit-il seulement, sèchement.

Alors qu'elle allait tout juste saisir les bandages déposés sur le sol dans un coin de la cellule -- d'autres usagers reposant dans une panière un peu à côté, et encore rouge d'un sang relativement récent-- la jeune fille suspends son geste quelques instants lorsque la voix de Yuuta l'interpelle.

De dos à son "patient", elle reste immobile un petit moment avant de finalement poursuivre son geste, comme si la question de Yuuta lui avait semblé étrange.

Finalement, elle revient vers le lit avec les bandages et se repositionne à côté de Yuuta, en attente de lui repasser les bandages autour du ventre.

C'est d'une voix relativement neutre et parfaitement calme qu'elle lui réponds, son visage éteint par un stoïcisme pur et des yeux presque absents, comme si tout ce qui était autour d'elle n'existait pas.

_Yuriko. C'est mon nom. Je te soigne parce que c'est mon rôle ici. Que tu sois le pire des vauriens, un violeur, un tueur. Que tu sois la plus gentille des personnes, un maître de bienveillance ou un défenseur de la justice. Je soigne. Tel est mon rôle.

Yuriko, qui ne s'est présentée que par cet unique prénom, sans nom de famille à côté, se penche légèrement pour signifier à Yuuta qu'elle entends le bander à nouveau, mais s'arrête néanmoins en attente de son assentiment. Elle ne paraît ni courroucée par l'humeur de Yuuta, ni effrayée. Tout lui semble parfaitement égal.

_Si tu ne veux pas, je m'arrête là. Dans ce cas, je te demanderais d'attendre avant de faire le moindre mouvement qui pourrait rouvrir ta blessure, ainsi s'il t'arrive quelque chose ce sera de ta propre volonté, et non sous ma responsabilité. Je n'ai pas vocation à recevoir des punitions pour la sottise des autres. Mais si tu n'as rien contre mon travail, alors tiens toi tranquille le temps que je finisse s'il te plaît.

Yuriko redevient silencieuse, observant Yuuta de ses yeux impassibles et d'un marron si profond qu'on jurerait qu'ils sont noirs, ses mains prêtes à appliquer les bandages. Elle soutient le regard du garçon sans broncher, en attente de sa réponse.

Ecoutant attentivement les mots de Yuriko, lisant son attitude et sondant son regard, Yuuta semble tout comme elle aussi impassible, résolument enclin à accepter le sort qui pourrai bien arriver... Il a déjà cessé de chercher à comprendre ce qui arrive depuis un moment.

Je n'ai pas bougé d'un iota, est-elle stupide?, Yuuta lève un sourcille en soupirant légèrement, quelque peu excédé par la situation dans laquelle il se trouve. Regardant sa sauveuse dans une profonde indifférence.

Merci de tes "conseilles"... "Yuriko". Néanmoins, je ne suis pas aussi stupide pour bouger maintenant. Fait donc ce pourquoi tu es là comme la marionnette que tu es. Après tout, je ne suis pas dans une situation bien différente de ce point de vue là, soupirant encore une fois, passivement irrité.

Je te remercierai bien, mais j'avoue que j'étais bien de l'autre côté. Finissons en donc que je puisse passer aux restes des absurdités qui m'attendent avec l'autre "Kitsune"... Marquant bien chaque "nom" prononcé avec un fort dédain.

Yuuta cesse alors de torde son regard pour la regarder dans les yeux et reprends une posture plus reposé (en bougeant sa tête de 3cm environ). Le mouvement a toujours été pour Yuuta un luxe qu'il utilisait avec parcimonie, comme pour la parole d'ailleurs... En parlant de parole, cela fait pourtant longtemps qu'il n'a pas parlé autant de sa vie, a-t'il l'impression... Il en aurai presque une crampe au cortex cérébrale ou nait le langage... Mais depuis qu'il est ici, il a dut changer bien des choses dans sa façon de voir le monde. Toutes ses certitudes en éclat, il a désormais tout à reconstruire depuis zéro. Cette situation ne l'enchante guère, mais a-t'il ne serait-ce que le choix? Toutes ces certitudes qu'ils s'était forgé avec le temps et qui renforcèrent son égo pour ne pas sombrer depuis des lustres déjà ne le protège plus de rien désormais. Perdu, sans aucun filet au dessus d'un gouffre sans fond, l'abîme de son propre désarroi. Il devra bien s'y faire, s'adapter, n'est-ce pas ce qu'il a toujours fais?

S'adapter face à chacunes des difficultés que la vie a cru bon de lui dresser sur sa route. S'adapter pour survivre ou plutôt "endurer" son passé à l'orphelinat lors qu'il a dut perdre l'espoir en l'homme pour continuer. S'adapter lorsqu'il devait suivre cet infâme "père" qui ne l'avait pris que comme esclave. S'adapter pour survivre aux situations dans lesquelles il l'avait mis. S'adapter, c'était bien tout ce qui pouvait le retenir maintenant de sombrer dans cet abîme sans fond... Mais le pouvait-il encore? Il n'avait jamais été bien fort, et il l'avait toujours su. Il n'a toujours fait que de tenter désespérément de mettre en avant ses forces et de se prémunir contre ses faiblesses. La puissance de son esprit était son seul salut, sa capacité à raisonner, capacité qui a déjà été mis à genou, ce qui pour lui ne semble être qu'un instant auparavant. Tout ce qui l'a sauvé jusque là, surtout dans cette arène, c'était son adaptation, son acuité ainsi que cet étrange instinct qui le laisser percevoir les intentions de ses opposants avant qu'il ne tente quelque chose. Car s'il n'avait pas ce don, jamais sa propre vitesse d'action n'aurai pu arriver à bout des plus redoutable "guerrier" qui était présent ce jour là. Non, Yuuta est désespérément faible, et son désarroi provient du fait qu'il soit terriblement conscient de cette faiblesse. Il devait progresser néanmoins, apprendre, évoluer, en somme pour citer encore le même mot, s'adapter à son nouvel environnement. Il ne rechignerait devant aucune difficulté si cela pouvait l'y aider. Mais ce n'est pas tant la peur de la mort qui le motivait, plutôt celle de l'échec mais aussi la curiosité. Il devait arriver à surmonter ces obstacles pour voir ce qui pouvait bien se dresser derrière cet horizon funèbre mais aussi prouver à ce monde qu'il ne se laisserai pas partir aussi facilement. Revenant de ses pérégrinations mental, son intérêt envers son entourage revint et des questions devait être poser. Il devait comprendre ce nouvel environnement pour y survivre...

Qui est ton marionnettiste à toi, "Ningyo" (Marionnette)? Est-ce aussi ce Kitsune? Ou es-tu juste le larbin de toute cette organisation? Humpf... Maintenant que j'y pense, je devrais peut-être t'appeler sempai, j'espere que tu me pardonnera mon manque évident d'intérêt pour les conventions sociales...

Se remémorant alors l'étrange pouvoir qu'elle a utilisé... Yuuta se pose désormais des questions sur sa formation... Une jeune fille doué dans ce genre de chose n'aurai rien d'étrange ici, après tout... Et cette fille... Quelque chose l'irrite au plus au point dans son attitude... Serai-ce parce qu’elle a cette même façon d'aborder son entourage comme il le fait? Serait-ce parce qu’elle a elle aussi cette indifférence?

Dis moi, ... "Yuriko". Quel est exactement cette lumière que tu produis avec tes mains et qui soigne? Es-tu un Ninja toi aussi? Et pourquoi ne pas maintenir tes soins plus longtemps plutôt que de ne faire que de petite intervention?

Continuant à la regarder indirectement dans la zone trouble de son regard rivé sur le plafond. Très attentif à sa sensation instinctive de ses flux de chakra dans son corps.

Comme il n'a émis aucune objection, Yuriko commence à placer les bandages autour du ventre de Yuuta, délicatement et toujours avec précision.
Ces gestes, aussi simples soient-ils en apparence, ont visiblement été reproduit un grand nombre de fois à en juger par la vitesse et la dextérité avec laquelle elle s'y prends.

Alors qu'elle s’affaire, Yuriko laisse s’égrainer plusieurs longues secondes avant de daigner répondre à la question de Yuuto. 

_Ta blessure guérira bien mieux en alliant des jutsus médicaux et une guérison naturelle. Les jutsus médicaux sont pratiques pour soigner sur l'instant. Une blessure ne guérit jamais complètement pourtant. Il arrive souvent que plusieurs années après, une vieille blessure réapparaisse partiellement lorsqu'elle a été soigné uniquement par un jutsu médical. En alliant jutsus médicaux et ta capacité naturelle de guérison, cela n'arrivera pas, et tu ne devrais pas être relancé dans le futur par cette blessure ci. Ni juste après sa guérison, ni dans plusieurs années. C'est juste un procédé un peu plus long. Je n'aime pas faire du travail à moitié.

En à peine deux petites minutes, le bandage de Yuuta est refait à la perfection. Yuriko se tient immobile plusieurs instants prêt du lit, comme si elle contemplait son labeur en se demandant si elle n'a rien oublié.
Finalement, et contre toute attente alors qu'elle paraissait avoir totalement éludé les autres interventions de Yuuta à son égard, Yuriko ajoute:

_Tu peux bien m'appeler comme tu veux, ou me considérer comme le dernier des esclaves ici, ça m'est égale. Je ne suis pourtant rien de cela. On a toujours le choix dans la vie. Lorsque j'ai eu à faire le mien, j'ai choisi ce que je suis aujourd'hui. Je soigne par conviction, même s'il s'agit de la dernière des caricatures humaines, je soigne...

Un instant, les mots de Yuriko se suspende dans l'air, mais il reste assez difficile de deviner si la jeune fille a marqué cet arrêt de manière intentionnel ou non.

_Quant à Endô-sama, elle n'est pas ma "marionnettiste", pour reprendre ton terme. Elle est de toute façon au dessus de moi en terme de statut, mais je ne suis pas vraiment positionnée dans la hiérarchie conventionnelle de ces lieux. Mon rôle n'a rien à voir avec celui des autres, tout comme il n'aura jamais rien à voir avec le tien.

Calmement, Yuriko quitte le chevet du lit et s'en va ramasser le panier de bandages usagers qu'elle coince entre sa hanche et son bras. Elle se retourne alors vers Yuuta une dernière fois.

_La porte de ta cellule restera ouverte à partir d'aujourd'hui. Tu es libre de vagabonder sur ce niveau, mais je t'inviterais à attendre une bonne demi heure avant de t'y risquer. Ta blessure est toujours un peu fébrile après les soins, elle pourrait se rouvrir facilement.

Le visage de Yuriko s'abaissa un instant vers les dalles de pierre de la cellule, et elle marqua un nouveau silence, s'interrogeant peut-être sur la nécessité de ces prochains mots. Cependant, elle finit par redresser la tête et précisa:

_Tu te trompes également sur un point. Je ne t'es pas sauvé. Tu es bien mort. Quelques minutes. Contre toute attente, ton coeur est reparti. Si tu es toujours là, ne t'en prends qu'à toi-même. C'est ta décision visiblement, parce que si ton coeur n'était pas reparti, je n'aurais personnellement rien pu faire. Alors demande toi plutôt pourquoi au dernier moment, tu as refusé de rester de l'autre côté.

Yuriko gagna la porte de barreaux de la cellule, sa longue chevelure s'agitant à son demi tour.

_Je t'ai mis une petite cloche sur le crochet au mur, si tu l'as sonne trois fois longuement, on me préviendra que tu as besoin de moi. Bien sur, si tu t'amuses à me faire déplacer pour rien, je ne viendrais tout simplement plus. Egalement, tu recevras un repas par jour, il sera déposé dans la salle à droite de ta cellule. Il y a un peu de place pour y faire de l'exercice aussi lorsque tu seras en état. Endô-sama viendra sûrement te voir dans peu de temps je pense.

Un tintement métallique retentit dans le lointain. Presque une dizaine de seconde, faisant taire Yuriko. Une seconde fois. Puis une troisième. Le silence revint.

_Si tu as d'autres questions, indiqua Yuriko en regardant Yuuta par-dessus son épaule, pose les moi maintenant mais soit bref. On m'appelle ailleurs.

Yuuta inspecte le travaille de Yuriko avec ses autres sens que sa vue. Il apprend ces gestes qu'il ne connaissait pas, bien que de façon flou, mais il sent que cela lui sera bien utile dans un avenir proche. Il la laisse expliquer longuement la nature de ses soins et boit ses paroles sans un mot de sa part. Il garde ensuite cela précieusement de côté dans un recoin de son esprit, cela aussi lui sera surement utile un jour, pense-t'il. Il a beau détester sa manière d'être qui lui rappelle sensiblement lui même, il ne peut qu'admirer son travail. Une raison de plus de ne pas l'apprécier en somme.


Profitant de son nouveau silence, Yuuta lui répond : Le choix, hein? De belle parole pour quelqu'un qui en a vraiment eut l'opportunité. Ne t'en fait pas, je resterai ainsi tant que ma blessure ne se sera pas suffisamment remis.

Lorsque Yuriko lui explique enfin la raison de son "salut", il a bien du mal à le comprendre. L’explication de Yuriko lui semble bien étrangère, mais qu'à cela ne tienne, il a déjà décidé de les accepter. L'envie de vivre, hein? C'est bien quelque chose dont il ne se serait jamais senti capable. Mais aussi étonnant que cela lui parait, il l'accepte tel qu'elle, même s'il ne peut se résoudre à totalement être d'accord. C'est donc à contre cœur qu'il le fait. Quelle serai la raison de son retour dans ce cas? Ces paroles qu'il a ressentit au fond de lui à cet instant semble pourtant avoir profondément raisonné en lui. Rien que d'y repenser alors, un profond mal de crane lui vrille la tête, si bien qu'il doit malheureusement bouger sa main pour la placer sur le côté de sa tête, comme si ce geste stupide pouvait faire partir cette douleur. Mais cette phrase, quelque chose en lui vibre rien que d'y penser, comme s'il avait en lui, enfouit quelque part, quelque chose qui n'attendait que le bon moment pour sortir, le tout lié à ces paroles. Rien que d'y penser, un autre mal de crane abominable lui font abandonner l'idée de tenter de comprendre et de savoir. C'est bien trop d'ennui pour peut être si peu.

Il tourne alors son regard vers la clochette, la regardant passivement. Il n'a certainement pas l'ambition de la faire sonner sauf s'il se retrouver à l'agonie sur les dalles de pierres... Mais là encore, il n'aurait probablement plus la force de la faire réellement sonner... Mais qu'à cela ne tienne. L'idée de revoir la Kitsune, par contre, lui fait ressentir de terribles frissons. Mais il ne semble pas avoir le choix là non plus...

Reprenant son calme, Yuuta compulse toutes les informations qu'il a reçues directement dans son esprit. Il sait qu'il n'aura pas l'occasion de demander beaucoup de chose, aussi doit-il s'en tenir au strict essentiel. Il se tourne soudainement (légèrement) vers Yuriko pour lui adresser sa seule question urgente à son esprit.

Une seule véritablement, Yuriko. Ou puis-je me procurer l'apprentissage nécessaire à la manipulation de Chakra? Je veux avoir accès aux maximum d'information dessus qu'il m'est possible d'avoir de part mon rang. Je n'ai pas envie d'attendre ce Kitsune. Et pas seulement sur le Chakra en vérité, tous les écrits en général qu'il m'est donné d'emprunter pour les compulser dans ma "chambre" pour comprendre ce nouveau monde, tout. Le regard de Yuuta ne marque plus son indifférence mais une certaine fougue et soif que rien ne peut étancher si ce n'est le savoir. Toutes ses certitudes ont déjà volé en éclat, il est temps pour lui de s'en forger de nouvelle.

Il commencera par la lecture, son point fort, et une fois qu'il aura engloutit tous les écrits que peut renfermer ce qui ressemble le plus à une librairie ici, alors seulement il s'attaquera au reste, seulement alors...

Yuriko observe de longues secondes Yuuta en coin, comme si son soudain changement d'attitude intriguée la jeune fille. Finalement, elle détourne le regard et lui indique:

_Pour le moment, ton unique livre d'apprentissage a un nom et un seul, et pour ton bien et ta progression, tu ferais aussi bien de l'intégrer immédiatement: Endô Satomi sama.

Yuriko prononce enfin le nom complet de celle qui désormais risque de hanter la vie de Yuuta. Elle le prononce lentement, articulant clairement comme pour le marquer d'autant plus, mais il ne semble y avoir ni animosité ni reconnaissance dans sa manière de le dire. Une indifférence de plus de la jeune fille, ou un contrôle parfait d'elle-même dans la gestion de son tempérament? Il est à cet instant vraiment compliqué de le dire.

_Tu auras cette possibilité. Probablement. Mais uniquement lorsqu'elle l'aura décidé. Déroger à cette règle dans l'immédiat ne t'apporterais que des ennuis, et à moi plus que des ennuis. J'ajouterais que tu parais peu pressé de la revoir, et je crois que je peux comprendre mais laisses moi te dire une chose.

Yuriko se retourne tout à fait en face de Yuuta pour parler, le regardant bien dans les yeux.

_Endô-sama vaut tous les livres du monde. Si tu es capable d'endurer sa présence, de t'y adapter, elle te sera dévouée plus que de mesures, et du savoir, tu ne sauras plus quoi en faire. En temps voulu, elle te donnera également accès à ce que tu me demandes, pour diversifier d'avantage les points de vue dont tu hérites tes connaissances, et les enrichir au maximum. La connaissant d'ailleurs, je suis persuadé que rien que de s'adapter à son humeur totalement aléatoire est un test en soi.

La jeune fille marque une pose dans ses paroles, avant de se décider à préciser:

_A ce propos d'ailleurs, une toute dernière chose... en gage de "bienvenue". En ce qui te concerne vis à vis d'Endô-sama...

Yuriko se tient parfaitement immobile depuis qu'elle s'adresse à Yuuta, pourtant, au moment de ses prochains mots, un œil expert noterait facilement le léger tremblement qui parcourt son corps, surtout repérable à ses mains.

_Ne conteste jamais un ordre direct de sa part. Tu apprendras rapidement à savoir quand s'en est un. Et surtout, ne la déçois jamais. Parce que si c'est le cas, il ne restera de toi ni ta "vie", ni ton "honneur", ni ton corps, ni le désespoir et la douleur que tu ressentiras, pas plus que ton âme tu peux me croire. Ton agonie sera longue, et innommable. De toi, elle dévorera tout et ton existence toute entière n'aura été que néant.

Le tremblement qui marquait Yuriko disparaît aussi rapidement qu'il est apparu, et la jeune fille poursuit tout en se tournant une nouvelle fois vers la sortie, toute neutralité et indifférence retrouvées:

_En revanche, si tu parviens à t'adapter, et à faire la preuve de ta fidélité... je t'envierais presque de l'avoir pour maître. Ce doit être grisant d'avoir une telle existence, si complexe et puissante, dévouée à faire de soi un être d'exception... Bien, je suis déjà en retard, je te laisse.

Yuriko pose une main sur un barreau, suspends son pas une courte seconde, comme si elle avait une hésitation dans son attitude, puis reprends sa marche en lançant à la volée.

_Je verrais ce que je peux faire...

Ses pas s'éloignent rapidement dans le couloir, laissant Yuuta seul dans la cellule à la porte désormais ouverte. Dans ces derniers mots qu'elle lui a adressé au sujet de sa désormais sensei, Yuuta a pu sentir une très légère pointe de jalousie dans la voix de Yuriko, et il est plus que probable qu'elle pensait réellement ce qu'elle lui a dit.

Le temps passe à nouveau. Lentement aux yeux de Yuuta, probablement, privé qu'il est de repaire temporel. Est-ce une torture psychique de plus à son égard, car sous peu il le sait, et peut le sentir, elle reviendra le voir? Dans combien de temps, et quel écart il aura entre chacune de ses visites, cette donnée, en revanche, lui est pour le moment quasi inaccessible...

A l'annonce de son "châtiment", Yuuta frémis d'un mélange de colère, d'impuissance et probablement aussi de peur. Devoirs encore se taper l'autre Kitsune était une chose, mais être contraint et forcer de ne recevoir qu'un savoir dilué et prédigéré par ce type de personne pendant tout le long de la formation... Il en frémit même un court instant sans vraiment s'en rendre compte...

A l'entente du nom de sa "sensei", il a un profond désintérêt pour ce savoir. Qu'elle soit nommé Endô Satomi sama, Endô Satomi sensei, la grosse salope sociopathe ou tout simplement Kitsune, c'était de toute manière du pareil au même. Il ne pouvais que difficilement supporter la pensé de devoir être en présence de cette femme sans pouvoir dire mot, alors qu'est ce que cela serai en vrai? Le désespoir de Yuuta grandit à échelle grand V plus il y pense, et il sait que son esprit cédera plus tôt que tard avec un tel "traitement de faveur"... Mais il n'a pas le choix que de faire avec...

"Tsssk, j'espère vraiment très rapidement terminer cette partie de la formation dans ce cas... Ou je n'y survivrait pas mentalement... personne ne peut valoir tout les livres du monde, personne. Le savoir de l'humanité, aussi pitoyable qu'elle puisse être, est bien supérieur à la somme de tous les individues la peuplant... Parce que le livre existe et qu'ils font perdurer le savoir au travers des âges. Et laisse moi te dire une chose..." fixant à nouveau Yuriko fermement, "Mon esprit ne sera jamais assez rassasié de savoir, même si j'avais plusieurs vie pour cela." Mais à l'idée de devoir supporter ses humeurs versatiles, Yuuta perds rapidement de sa contenance et se renferme un peu sur lui même...

Les dernières paroles sur la volatilité de sa vie n'arrange rien pour Yuuta... Le désespoire est une ronce qui s'enfonce peu à peu plus encore dans ses chaires et son cœur. Tel une brume obscure l'engouffrant tout entier, étouffant ses cris silencieux, faisant vaciller sa volonté, Yuuta ne peut que se remettre de plus en plus à son destin infâme et tortueux. Ce putain de monde devra bientôt payer pour toutes ces souffrances, et plutôt deux fois qu'une... Il espérerait tellement sauter dans le futur à ce moment précis de son existence pour sauter toute cette foutu formation.

"_Je verrais ce que je peux faire..." dit elle pourtant... Et cette simple phrase, malgré l'identité de la personne qui les prononces, est un rayon de soleil venant perforer quelque peu sa prison de ténèbre.

"Merci..." dit t'il dans un souffle, non pour tenter de ne pas se faire entendre, mais par manque de force. Il avait beau avoir tenté de maintenir son morale jusqu'ici, de garder sa volonté intacte malgré tout... Mais la force lui manque terrible, non pas une force physique qu'il n'a de toute manière pas, mais une force psychique... Cela fait bien des lustres maintenant qu'il s'était interdit tout comportement de ce genre... Mais à cet instant, c'était trop pour lui pour pouvoir l'endurer...

Alors que les pas de Yuriko s'éloigne de lui, son désespoire l'enveloppe encore plus jusqu'à éteindre le moindre bruit dans sa cellule, taire toutes pensées dans son esprit... Il n'a même pas regardé Yuriko partir et ne peux même pas imaginer le visage qu'elle a pu faire en partant. Ou tout du moins, il est incapable de penser à cela à cet instant précis... Seul la sensation d'un frisson intense dans son esprit accapare tous les processus de son intellect...

Alors que le temps passe, Yuuta fini par émerger de sa létargie et s'adonne, plus par réflexe, à un moment d'introspection... Il n'avait jamais vu d'intérêt en la vie depuis un moment et il avait accepté ce monde pourris jusqu'à la moelle comme on accepte la perte d'une jambe après un accident. L'on ne peut rien y faire, on ne peut que vivre avec. Avec, il a vécut justement, mais désormais les choses avait légèrement changé... Dans tous ce désespoire, un réel espoir existait. Mince, hypothétique et difficile à atteindre, mais il était là quelque part, ou tout du moins il avait la possibilité d'exister... Celui de la puissance...

Il avait beau se dire que tout ce qu'il avait raconté à cette femme avant de mourir était que foutaise, il avait beau se dire qu'il avait simplement réussi à trouver les mots qu'elle voulait entendre... En vérité, malgré sa volonté de ne pas l'accepter... C'était simplement la triste et désespérante vérité. Mourir? Il ne pouvait plus l'accepter désormais. Il avait un but, aussi infime soit la chance de le concrétiser, il devait tout faire pour le réaliser, il se rattachait comme il pouvait à ce mince file de lumière en espérant de toute son âme qu'il ne briserai pas... Qu'il devait accepter encore ce monde infâme un moment... La tornade était passé dans sa vie jusque là, et sa "mort" n'était pas sa fin... Seulement l’œil du cyclone. Désormais, il devait terminer sa formation, traverser sans sourciller non seulement le reste de la tornade avant le salut, mais surtout tous les immondes débris qu'elle avait déjà fait voler dans son premier passage... Il devait accepter tout cela...

Au fur et à me mesure d'y songer, les racines qui lui enserrer le cœur et l'âme arrivèrent au centre, paralysant ces deux derniers totalement dans une stase écœurante. Et son regard se vidait peu à peu de sa substance rien qu'à la pensé de "La Suite"™.

Il était partagé entre son souhait de revoir la Kitsune le plus tard possible, et le plus vite possible pour passer le plus rapidement possible ce moment difficile. Si seulement il pouvait influencer sur la vitesse de passage de ce cyclone... Petit à petit, il en venait à perdre quelque chose qui lui avait toujours été précieux, non pas par conséquence de sa vie passé comme c'était un peu le cas, mais par choix pour survivre et se hisser hors de ce trou à la force de ses dents s'il le fallait... Son Individualité...

Son égo, sa volonté ou plutôt son individualité en acier trempé se brisait peu à peu... Il l'espère, pour être forgé à nouveau...

"Il y a bien 3 choses que je déteste plus que tout dans ce monde..." se dit-il a voix basse... "Les imbéciles sans cervelle, les Naîf qui croit encore en l'espèce humaine... Et l'espoir..."

Apparemment, Yuuta s'est assoupi une nouvelle fois. Sans doute est-ce du à la fatigue mentale et physique qu'il a accumulé ses derniers jours, et à son inactivité totale sur le plan physique. Il se sent faible et mollasson, amoindri par ses journées de sommeil complet.

Quand sa conscience s'éveille à nouveau, il ressent immédiatement une tension extrême le parcourir, et exacerbée par son état "léthargique". Quelque chose cloche. Une sensation étrange le gagne. C'est comme si... oui, Yuuta en est certain, il n'est pas seul dans la cellule. Il perçoit une présence proche... trop proche. Une présence qui le dérange au plus haut point, et que tout son corps semble vouloir rejeter avec une fébrilité certaine. Un sentiment de danger l'envahi alors même qu'il ne se sent pas la force de bouger le moindre muscle, ou alors au prix d'un effort considérable.

Lorsqu'il entrouvre ses paupières, c'est pour constater qu'une femme se tient à quatre pattes au-dessus de lui, et que ses yeux le dévore du regard. Des yeux de fauve que Yuuta a tôt fait de reconnaître, lui arrachant sans doute un frisson le long de sa colonne.

La voix suave de Satomi susurre au jeune homme, alors qu'elle ballade lentement ses mains sur son torse dans des caresses équivoques.

_Yuuta... je t'ai attendu si longtemps. Il est temps de commencer notre petit jeu, d'accord?

Satomi se penche à l'oreille du garçon, ouvrant d'avantage la fermeture déjà bien entrouverte de son haut, jusqu'à ce que sa poitrine soit libérée, et se colle tout à fait contre lui, empêchant toute action de sa part, affaissant son bassin dans le même mouvement. Elle reprends alors, non sans avoir laisser échapper un soupir d'extase au contact de la peau de Yuuta contre la sienne.

_Il est temps d'entamer les leçons... mon Yuuta.

Le visage de cette "kitsune" vient se repositionner au-dessus de celui de Yuuta, qui voit avec horreur les lèvres de Satomi se rapprocher des siennes, impuissant. Immanquablement, la menace de son viol remonte à l'esprit fatigué de Yuuta, plus concrète et effrayante que jamais.

Cela fait plusieurs jours désormais que Yuuta est dans une sorte d'état végétatif, perdu continuellement dans ses pensées. Il passe le plus clair de son temps, non plus dans une introspection, mais dans une projection sur l'avenir. Dans son esprit, tous les scénarios y passent quand aux prochains moments passés en la compagnie de son futur sensei. Une véritable torture qu'il s'auto-inflige sans pouvoir y échapper, son esprit pris dans le tourbillon de son désarroi. Tout y passe, si bien qu'il fini par avoir une certain insensibilité désormais. S'est comme si son esprit, ne pouvant trouver aucune parade à ce qu'il allait vivre, se martelait lui même de ces pensées pour s'insensibiliser comme le feraient certains adeptes martiaux envers leur propre corps.

Ainsi les ronces terminèrent lentement de prendre possession de son cœur... de son âme... si c'était le prix à payer pour obtenir son objectif, il pourrait facilement se passer de ces deux. C'est cette dernière pensée qui termina l'œuvre, la sculpture de marbre ultime qui sera prête à être forgé tel une arme débarrassé de tout ce qui pourrait entraver son "Ascension", se débarrassant de ces deux parties inutiles, affaiblissantes même, comme un serpent se débarrasserai de sa mue.

Ouvrant ses yeux, leur peu d’éclat s’éclipse soudainement à la vue de son sensei, comme un mécanisme de défense de son propre psychisme. Sa peur est toujours là, son dégoût est toujours profondément ancré en lui, mais tout se retrouve perdu dans une parcelle sombre et enfouit au cœur même de ce dont il vient de se « débarrasser ». La voix de Satomi raisonne dans son esprit mais n’obtient qu’un lointain écho dans sa conscience… Seul son objectif a pris pleine possession de l’esprit de Yuuta.

Alors que Satomi se penche à son oreille, et qu’elle colle son corps contre le siens, il n’a pas une once de réaction. Bien que son corps pubescent ai une très légère réaction, à peine perceptible si l’on n’y prête pas attention, aucune excitation ou envie ne nait dans son esprit, comme si son corps tentait quelque chose que son esprit venait juste ensuite de pleinement refuser et qu’il se passait une sorte de statu quo : son corps voulant exprimer quelque chose mais ne parvenant pas à s’imposer à son esprit pour l’heure (et probablement pour toujours). Son corps ressent les frottements sur sa peau, les caresses et ses attentes, et son esprit intime un simple mais irrévocable « ta gueule !» à la réactions de son corps.

Les lèvres de la Kitsune se rapproche dangereusement des siennes mais lui n’attends qu’une chose… Le début de cette « leçon ». Plus vite elle sera terminé, et plus vite son psychisme pourra reprendre son fonctionnement normal…

"Très bien..." dit-il tout juste...

Les lèvres de Satomi se posent avec envie sur celles de Yuuta, d'abord par brèves pressions, délicates, précises et fugaces, puis avec d'avantage de hargne et de passion. Alors qu'il voit se profiler un moment des plus déplaisant de son point de vue, pourtant, toute la scène autour de lui semble s'évaporer de plus en plus rapidement et le décor, ainsi que Satomi, disparaissent bien rapidement pour être remplacé... par un plafond de pierre désespérément plat.

Yuuta vient de s'éveiller pour de vrai cette fois. Sans doute son appréhension et ses réflexions incessantes sur l'avenir ont-elles influencées son subconscient à son insu, le poussant à rêver une telle scène. Ce qui est sur toutefois, c'est qu'en un laps de temps très court, cette kitsune a réussi à injecter sa présence dans l'esprit même du garçon, ce qui est en soi plus effrayant que toute la force qu'elle pourrait déployer devant ses yeux... quoique Yuuta n'en est encore rien vu.

Sa cellule est toujours aussi vide, n'était une torche brûlant calmement le long d'un des murs, et dont le crépitement rythme le silence alentour, jusqu'à ce que Yuuta perçoive un bruit relativement proche, comme un objet qu'on poserait sur une surface de bois.
Cela ne provient pas de la cellule, sinon Yuuta aurait immanquablement noté l'objet du délit. D'après la description sommaire que lui a fait Yuriko, au-delà de la porte ouverte de sa cellule s'élance un long couloir, probablement fermé par une très lourde porte de bois et de fer à son bout, et juste sur la droite de sa cellule est censé se trouvait une pièce en deux parties.
L'une des moitiés est, d'après les dires de Yuriko, suffisamment importante pour permettre de faire un peu d'exercice et se maintenir en forme. L'autre moitié doit servir de "cuisine", sur la table de laquelle on lui dépose ses maigres repas.

Quelques instants après ce qu'il vient d'entendre, Yuuta perçoit le cliquetis d'une chaîne dont les anneaux se frottent les uns sur les autres. Finalement, ce tintement aussi s'éloigne et disparaît.

Sur la table dans l'autre pièce, une sorte de panier a été déposé, porteur de la ration de nourriture quotidienne du garçon. Il y traîne un peu de riz, quelques fruits pas forcément de première fraîcheur mais tout à fait mangeable, un peu de poisson et une portion d'eau dans un pot de terre cuite. Le tout est déposé dans le panier dont le fond est couvert par quelques serviettes en tissu délavé et disposées grossièrement, et qui semblent d'autant plus sales à cause des nombreux symboles d'écriture qui paraissent leurs servirent de motifs. Il ne viendrait à personne l'idée de s'essuyer la bouche avec, ou même les mains. Enfin, roulés dans un coin du panier, un haut et un pantalon usé ont été glissé pour qu'il puisse enfin se vêtir, si on peut appeler ça ainsi au vu des nombreux trous qui marquent le linge offert.

Aux oreilles de Yuuta, seul demeure maintenant le crépitement de la torche.